combat de Guillaume d'orange contre le Géant Isoré aux portes de Paris.
La Tour Ferrande
Photographe: Véronique Pagnier
Comme pour de nombreuses villes, la légende raconte qu'à l'époque où Paris se résumait à l'île de la Cité et quelques implantations sur la rive droite, la capitale fut assiégée par un géant. Il était sarrasin, roi et s'appelait Isoré de Coïmbre (Coïmbra). Il s'était installé sur les hauteurs de Paris et chaque jour, venait narguer le roi Louis et les habitants de la capitale retranchés derrière leurs remparts. On raconte qu'Isoré mesurait trois fois la taille d'un homme normal; aucun baron sensé ne pouvait relever le défi et les parisiens ne pouvaient plus sortir de leur ville. On envoya donc chercher le plus valeureux guerrier de son époque Guillaume d'Aquitaine dit aussi Guillaume au Court-Nez, le seul assez courageux, assez fou pour défier un personnage tel qu'Isoré. Toute sa vie, celui-ci avait vaillamment guerroyé dans les luttes contre les Sarrasins dans le sud de la France et en Catalogne puis, il avait choisi de finir sa vie en ermite. L'histoire raconte qu'après un long voyage, l'envoyé du roi Louis rencontra un vieillard au visage émacié, comme sorti du temps, qui lui appris que Guillaume était mort. Déçu, il rentra annoncer la nouvelle au roi Louis. La situation était désespérée; aucun de ses barons ne pouvait affronter le géant.
Cependant, Guillaume, car le vieillard émacié n'était autre que Guillaume, regretta d'avoir menti à l'envoyé de son roi. Il avait choisi de se retirer dans un monastère puis un ermitage après la mort de son épouse Guibor-la-belle pour expier sa vie de combats mais refuser de servir le successeur de Charlemagne lui apparaissait finalement comme une traîtrise. Il revêtit donc sa vieille armure et traversa l'Auvergne et le Berry pour finalement arriver par la route d'Orléans, sous les murs de Paris. Mais la ville était close et ne laissait entrer personne. Guillaume trouva à se loger chez un certain Bernard qui logeait dans un fossé près des remparts de Paris mais sans révéler son identité. Bernard raconta au chevalier les malheurs de Paris et le défi du géant Isoré.
Le lendemain, Guillaume releva le défi du géant et l'abattit puis ne pouvant emporter le corps, il lui trancha la tête qu'il apporta à Bernard du Fossé, se fit reconnaître puis tel un chevalier errant repartit comme qu'il était venu.
Jacques Hillairet raconte qu'en 1212, lorsqu'on découvrit une grande dalle de plus de 6m, un tumulus, sur le chemin d'Orléans, on se souvint de la légende de Guillaume de Gellone et on en fit la tombe d'Isoré. Peu à peu, le nom d'Isoré se transforma en Issoire, on oublia le géant et on assimila le nom d'Issoire avec celui d'Issoire en Auvergne.
Tout comme Arthur et Charlemagne, Guillaume est le héros de tout un cycle de poèmes épiques qui racontent ses hauts faits. Il est le chef d'un puissant lignage chargé par Charlemagne de défendre les confins sud du royaume. C'est une sorte de super-héros médiéval qui affronte avec bravoure des sarrasins tout aussi braves que lui.
La légende du combat contre Isoré est issue du Moniage Guillaume. Le poète y raconte la fin de la vie du héros. Pour expier toute une vie de combats, à la mort de son épouse Guibourc, une sarrasine convertie, Guillaume se retire dans un monastère. Mais là encore rien n'est simple. Guillaume n'est pas un homme d'étude et de prière. À la suite d'une lâcheté des moines, il entre dans une grande colère, attrape les uns par les cheveux pour les cogner entre eux, éclate la tête d'autres moines contre les murs et les piliers puis finit par leur pardonner. La nuit, un ange lui apparaît qui lui commande de se retirer au désert dans la région de Montpellier où l'envoyé du roi Louis vint le trouver. Il s'agit de Saint-Guilhem-le-désert où l'on peut encore voir la cellule de Guillaume.
Et le géant Isoré ? Une partie des Catacombes donnent sous la rue de la Tombe-Issoire, alors, peut-être qu'un jour un fémur, un omoplate d'une taille inusité attirera votre attention...
