Saint-Paul ermite, patron du Marais

Vestige de l'ancienne église Saint-Paul
 

A l'angle de la rue Neuve-Saint-Pierre et de la rue Saint-Paul, le mur présente un curieux aspect. Semblable à une ruine, on devine qu'il ne s'agit pas du mur de l'immeuble qui le poursuit. Il s'agit en effet de l'unique vestige de l'église qui donna son nom au quartier.

Au VIIème siècle, les moniales du monastère Saint-Eloi qui se trouvait dans l'Île de la Cité, établissent leur cimetière au milieu des champs, loin de Paris. Au Xème siècle en effet, l'enceinte de Paris s'arrête à peu près à la hauteur de la rue du Pont-Louis-Philippe. Ici, on ne trouve que des cultures, des "coutures" qui ont été gagnées sur les marais. Au départ, la chapelle est dédiée à Saint-Paul l'ermite compagnon de Saint-Antoine le Grand, ermite qui s'est retiré dans le désert égyptien. Existe-t-il un lien entre cette église dédiée à Saint-Paul l'ermite et la proximité du Petit Saint-Antoine, je ne le sais. Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'église a été fondée au VIIème siècle et l'ordre hospitalier de Saint-Antoine à la fin du XIème siècle. Il y a donc peu de chance qu'il y ait un lien, on peut juste constater la coïncidence.

Au XIIème siècle, l'église devient église paroissiale. L'ermite Paul est eclipsé par l'apôtre des gentils. Elle conserve un très grand cimetière avec un charnier et une allée oblique que l'on peut voir sur le plan de Turgot.
 

Plan Turgot (1734-1739)
Sur le plan on distingue très nettement l'église et son cimetière, le Petit Saint-Antoine
et ce que l'on appelait alors les Grands Jesuites, à savoir l'église Saint-Paul-Saint-Louis et la maison professe de l'ordre à Paris.

Les rois Charles V et Charles VII y furent baptisés.
Le cimetière était l'un des plus anciens de Paris. Il était aussi l'un des plus grands après le cimetière des Innocents. Y furent enterrées de nombreuses personnalités parmi lesquelles Louis Métezeau (architecte de la Place des Vosges) et son frère Clément Métezeau  (architecte de la place ducale de Charleville), la mère de la Marquise de Sévigné, Marie de Coulanges, Rabelais, Descartes, Marion Delorme et Ninon de Lenclos, François Mansart, Jules Hardouin-Mansart, Jean-Baptiste Nattier, Claude Vignon, les victimes des massacres de septembre et...l'homme au masque de fer!

L'église très dégradée fut vendue comme bien national et détruite durant la Révolution. Le cimetière subit le même sort. Les ossements finirent dans les catacombes pour ceux qui y furent transférés!