Splendeur et misère de Cateau la borgnesse

Novembre 2016

Mascaron de l`hôtel de Beauvais, Paris
Mascaron, Hôtel de Beauvais, Paris
 
La cour administrative d'appel de Paris a trouvé à s'héberger dans un hôtel à la naissance duquel des fées égrillardes ont présidé.
Louis XIII et Anne d'Autriche ne formaient pas un couple très uni et ce n'est qu'après 23 ans de mariage que la reine donna le jour à un héritier, que l'on nomma Louis Dieudonné.
La régente Anne s'inquiétait de ce que son fils fut à l'image de son père, peu enthousiaste quant à la galanterie. Or, elle avait auprès d'elle, une femme qui avait toute sa confiance; Catherine Bellier lui administrait ses lavements, remèdes fort en vogue à l'époque. Catherine n'était pas belle et sans doute borgne d'où son surnom de Cateau la borgnesse mais passablement dévergondée. Fille de commerçant, elle était mariée à Pierre de Beauvais, qui avait été marchand de rubans dans la Galerie Mercière du Palais. 
Comme l'écrit pudiquement Jacques Hillairet, "... ce fut elle qui âgée de 40 ans, s'empara quelques instants du roi Louis XIV, âgé de 16 ans, et qui, du jeune garçon, fit un homme..." (NB1:les petits points suspensifs sont de l'auteur! NB2: selon d'autres auteurs Louis n'avait que 14 ans.)
Pour service rendu à la couronne, Cateau obtint le privilège de figurer au lever du roi, parmi les premières personnes, avant les princes du sang, privilège inouï si l'on songe que tout un chacun cherchait à avoir accès à la personne du roi pour faire avancer un procès, pour déposer un placet, pour une recommandation...
Elle put en outre acheter le terrain de l'ancien hôtel des abbés de Chaalis, et faire construire le magnifique hôtel de la rue François Miron. Pour ce faire, Anne d'Autriche lui accorda la permission, malgré l'opposition de Mazarin,  de se servir en pierres provenant du chantier du Louvre.
De son balcon, la reine-mère put assister à l'entrée de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche qu'il venait d'épouser.
Est-ce grâce à l'intervention de Cateau? quoi qu'il en soit, le roi se comporta, avec la gent féminine, à l'inverse de son père. 
Quant à Cateau, force est de reconnaître qu'elle ne finit pas très bien. Malgré sa position enviée à la cour, malgré sa fortune, le goût du jeu, celui des amants toujours jeunes, de plus en plus gourmands mena Cateau au bord de la ruine.
L'hôtel, dû à l'architecte Antoine Le Pautre (auteur entre autre de la Grande Cascade du domaine de Saint-Cloud) est magnifique avec sa cour circulaire, le balcon de l'étage, la frise alternant, dans les métopes têtes de beliers et têtes de lions. C'est aussi une prouesse d'architecte d'avoir réussi a donner une aparence de symétrie, d'ordre et de régularité sur une parcelle qui compte autant d'irrégularités et, selon Antoine Gady, pas moins de 15 côtés.
Au XVIIIème siècle, c'est à l'hôtel de Beauvais que résida le jeune Mozart de passage à Paris.

A visiter absolument! sauf le dimanche où la porte cochère est fermée. 
68 rue François Miron

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